Mercredi, mon emploi du temps ne me permet pas d'arriver au lac de bonne heure, et encore moins aujourd'hui, compte tenu de la visite chez le vétérinaire pour Indy.
Alors quand je prends la voiture à midi, j'y vais sans grande conviction... colverts, siffleurs, chipeaux, sarcelles d'hiver, vanneaux huppés, hérons cendrés, grandes aigrettes, cygnes tuberculés, oies cendrées, foulques macroules seront là ...
Sur la route, mauvaise surprise.
Une déviation redirige la circulation sur les abords du lac.
Lorsque j'arrive, je ne vois que lui !
Avant même de m'arrêter, j'ai déjà en main mon appareil photo.
Je pressens l'observation éphémère et je ne veux pas rater cet oiseau solitaire.
La silhouette me fait penser à une grosse oie... qui est un oiseau plutôt social, il serait donc étrange qu'une oie solitaire soit là, sur la glace.
La présence des corneilles à proximité ne laisse rien présager de bon.
(Je garde en tête ces deux corneilles qui entouraient un vanneau... d'un bond, l'une a sauté sur le vanneau et lui a assené un coup de bec sur la tête. Le vanneau ne s'est pas débattu (plombé ? malade ?) et j'ai vu les deux corneilles manger le corps sans vie)
Alors quand je prends les jumelles pour viser l'oiseau à contre jour, le temps se fige ... quand je réalise qu'il s'agit d'un Pygargue à queue blanche.
Que vient faire cet aigle aussi loin de son territoire ?!
Posé sur la glace, immobile, il observe devant lui... les canards qui ont fuit au loin ?!
Il m'a repéré... me regarde... j'abandonne l'appareil photo trop bruyant et limité pour opter pour le couplé Iphone/Longue-vue à défaut d'autre chose.
Je réussis à me faire oublier et je bombarde, tenant d'une main la longue-vue posée sur le rebord de la portière et de l'autre, l'iphone que je dois réussir à positionner pour la mise au point.
Il s'envole un peu plus loin, suivi par les corneilles.... je pose enfin mon téléphone pour profiter pleinement de l'oiseau dans l'oculaire de ma longue-vue.
Les plumes à l'arrière sont très abimées... Vieil oiseau ? malade ? Systématiquement les questions angoissantes quand je vois un oiseau solitaire qui plus est, très loin de chez lui.
Une observation de pygargue récente m'avait fait rechercher des informations sur l'oiseau et dans mon souvenir, ses terres natales n'étaient pas toutes proches !
Je pose la longue vue, pressentant l'envol.
J'en profite pour refaire quelques clichés APN... et la surprise de découvrir sur mon ordinateur ce que je n'avais pas vu sur place : le manège des corneilles.
Une puis deux, contournent le grand rapace... se "tâtant" quand même pour lui tirer les plumes de la queue...
J'ai cru en entendre une dire à l'autre "Tu crois qu'c'est du vrai ?! On tire pour voir ce que ça fait ?"
Le meilleur pour la fin : le bond de surprise des deux curieuses lorsque le pygargue prend son envol !
Manifestement, elles ne s'attendaient pas à cela. :)
Puis l'oiseau s'envole, m'offrant son profil, hélàs, à contre jour, talonné par les 3 corneilles, puis peu après par une buse variable qui observait la scène jusqu'alors, perchée sur son poteau électrique.
Le saviez-vous ?
Le Pygargue à queue blanche est un aigle très corpulent, de grande taille avec une silhouette massive caractérisée par une large envergure (pouvant atteindre 2m40) et une queue courte cunéiforme.
L'ensemble du plumage est brun foncé
sauf la tête et la base du cou légèrement plus clairs.
Les oiseaux âgés
ont la tête et le cou blancs.
Les adultes ont la queue blanche.
Le juvénile est beaucoup plus foncé, gagnant progressivement le plumage adulte en 5 ou 6 ans.
Espèce liée aux milieux aquatiques (côtes maritimes, grandes rivières,
lacs, etc...), on le trouve au Groenland, au nord de l'Europe et de la Sibérie.
En dehors de l'ex-URSS, trois pays
accueillent une forte population de pygargues à queue blanche : la Norvège,
l'ex-Allemagne de l'Est et la Pologne.
Cinq années sont nécessaires pour atteindre la maturité sexuelle.
Les couples, unis à vie, restent sur leur territoire à l'année, ou aux environs.
S'il possède quasiment la même technique de chasse que les
autres pygargues ou aigles pêcheurs, le pygargue à queue blanche fait preuve
d'endurance et est capable de poursuivre sa proie jusqu'à son épuisement.
Friand de poissons, il prélève également du gibier d'eau : oies, foulques, canards etc... Il ne dédaigne pas les cadavres
quand les temps sont durs et que la nécessité se fait sentir.
Bien que sa population semble amorcer une légère amélioration, la
population dans l'Union Européenne ne dépasse pas les 600 couples.
Il a disparu de France (notamment de Corse) entre 1966 et 1968.
Hivernant rare et marginal sur le territoire, il y atteint sa limite sud-ouest de distribution hivernale
Ses effectifs sont estimés de 5 à 20 individus par an, rencontrés essentiellement sur des ZICO (Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux).
Visiteur occasionnel en région Centre, il semble tout de même que depuis la fin des années 1990, l'espèce ait trouvé une certaine régularité d'hivernage en Brenne.
La
chasse, les empoisonnements, la pollution des eaux, les prélèvements
d'œufs et de poussins ainsi que la destruction et la disparition des
zones humides, sont comme souvent pour les espèces en voie d'extinction, les principaux dangers qui le menacent.
Inscrit à
l'annexe I de la directive Oiseaux de l'Union européenne, le Pygargue à queue blanche bénéficie d'une protection totale sur le
territoire français depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif
aux oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire.
Il est donc interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou
l'enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser,
ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids et de détruire,
altérer ou dégrader leur milieu.
Qu'il soit vivant ou mort, il est aussi
interdit de le transporter, colporter, de l'utiliser, de le détenir, de
le vendre ou de l'acheter.
Quelle observation magique!! Je suis jaloux!
RépondreSupprimerJe savais qu'il y en avait un en Brenne, mais c'est bien la première fois pour Rillé! Est ce le même qui fut observé à Sonzay fin novembre??
Merci pour toutes les infos sur ce magnifique oiseau!
Je comprends tout à fait Alain !
SupprimerJ'ai même pensé à vous... avec votre matériel vous auriez pu faire des clichés inoubliables même à contre jour ! Ceci dit, je n'ai pas à me plaindre pour des clichés pris avec mon téléphone.
Je pense qu'il s'agit du même individu en effet. Bien que la photo postée sur FT ne permet pas vraiment de l'affirmer.
Mais il a effectivement pris cette direction après m'avoir contourné.
De loin, avec le Hibou des Marais, le Balbuzard pécheur et le Circaète Jean le Blanc, une de mes plus belles rencontres !
Ce qui compte le plus, ce n'est pas le cliché "inoubliable", mais bel et bien la rencontre et l'émotion! Et vous ne vous en sortez pas mal, vu les conditions de prise de vue et le matériel utilisé!!
RépondreSupprimerOui, tous ces rapaces cités sont "majestueux", et j'ajouterais à la liste les busards St Martin et cendré...
Pour moi, hier, l'émotion fut la rencontre avec maitre Goupil... en contre jour! Petit reportage à venir ;)
Sourire Alain... tout à fait d'accord et une fois encore, bien chanceux... la chasse au renard, le piégeage ... tout est mis en oeuvre ici pour éradiquer ce petit feu follet.
RépondreSupprimerPourtant j'en fais des kilomètres, à des heures où.. et si j'en ai vu 3, c'est bien le maximum !
Je viendrais vous rendre visite !
le sujet : un oiseau rare pour la région. En plus des photos, nous avons aussi adoré le récit de la rencontre qui tient en haleine jusqu' au dénouement, l' envol ! bravo à la narratrice et aussi pour les clichés bien évidemment. bernard & franca
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