Le défi ?

Le défi n'est pas de poster une photo par jour... mais de prendre une photo par jour, et ce quelques soient les conditions "photographiques". Tout au moins essayer

dimanche 8 septembre 2013

Rencontre avec le Castor des Marais

7h30,  5° malheureux degrés s'affichent au compteur de ma voiture.
Le soleil voilé peine à donner de la lumière.


Me voilà sur la digue.

Au compteur, 7° ... Il ne fait guère plus chaud quand je m'assois sur le bord.

Un coup d'oeil dans mes jumelles pour constater que les oiseaux s'éveillent pour certains tandis que d'autres, comme les jeunes mésanges bleues, à longues queues, les pouillots véloce et les pouillots fitis, recherchent activement leur nourriture.


Les aigrettes garzettes sont nombreuses ce matin, la spatule blanche n'a pas encore quitté le site mais a fini par s'intégrer aux autres "oiseaux blancs".

Le petit "pourpré" fidèle à son poste, garde sa tête bien calée entre ses épaules.


Soudain, surgit au loin un petit museau. Un chevalier guignette qui s'était perché sur une souche, ne voit pas d'un bon oeil, cette étrange bestiole qui s'approche.



Rat musqué ou ragondin ?
L'animal dans le viseur, j'hésite à faire la "bruyante" mise au point.
Le voilà qui s'arrête pour grignoter un morceau... Vu la taille, un ragondin sans hésiter !


Je pensais avoir été repéré mais le voilà qui continue son petit bonhomme de chemin en ma direction


Le ragondin ou castor des marais (Myocastor coypus), appelé autrefois myopotame, est un mammifère originaire d'Amérique du Sud, introduit en Europe au XIXe siècle pour l'exploitation de sa fourrure bon marché.

Tous les individus présents en Europe proviennent d'évasions ou de lâchers volontaires.


Le ragondin est un animal préférant vivre dans les milieux aquatiques d'eau douce, parfois saumâtre. Aux rivières et fleuves d'Amérique du Sud d'où il provient s'ajoutent désormais tous les réseaux hydrauliques constituant son nouvel habitat dans les pays où il a été introduit : fossés et canaux reliant les marais.

Il creuse un terrier de 6 à 7 m le long des berges, provoquant dans certaines régions à très forte densité d'animaux, la déstabilisation des berges mais aussi à l'accélération du comblement des fossés et canaux par la quantité de terre exportée dans l'eau à chaque terrier creusé. Il peut également construire des huttes de feuillages.

L'animal s'arrête enfin, a t-il entendu l'appareil, m'a t-il vu ou senti  ?  Toujours est-il qu'il m'observe attentivement.



De mœurs à tendance crépusculaire et nocturne, il peut avoir une activité diurne non négligeable.

Présent dans seulement quelques départements français lors de son introduction, il est désormais présent dans plus de 70 départements et a colonisé des régions telles que le marais Poitevin, la Camargue ou les Landes dans une moindre mesure.

Il est maintenant présent dans les régions du sud de la France (Lot-et-Garonne, Pyrénées-Orientales, Hautes-Pyrénées, Aude, Gard, Hérault, Tarn, Haute-Garonne, Vaucluse, Var, Bouches-du-Rhône...) mais on le trouve également sporadiquement dans certaines régions plus au nord, le Centre et Alsace notamment...).


Désormais moins de 10 mètres nous séparent mais le voilà qui continue sur sa lancée. Le temps d'immortaliser un guignette venu se poser à proximité ...


.... qu'un grand "splach" résonne. Intérieurement, je me dis que c'est cuit, que l'animal s'étant enfin aperçu du danger que je pouvais représenter, venait de plonger pour s'éloigner sous l'eau.

Quelle ne fut pas ma surprise de le retrouver sur la rive, à m'observer toujours !


 Le ragondin est reconnaissable à ses quatre grandes incisives orange tirant sur le rouge.


C'est un animal qui mesure entre 40 et 60 cm auquel il faut ajouter la queue, faisant elle 25 à 45 cm, pour un poids moyen de 6 kilos.

Il se distingue du rat musqué par sa taille plus importante et par la section de sa queue, ronde chez le ragondin alors qu'elle est ovale chez le rat musqué.



 Le nez relevé, il hume souvent. J'imagine bien que compte tenu de la distance qui nous sépare, il m'a repéré olfactivement depuis longtemps.
Pourtant, aucun signe de crainte... et bien au contraire, il semble bien décidé à poursuivre son chemin : traverser la digue pour atteindre la partie "loisirs" du lac, plus riche en nourriture.


Si dans son environnement d'origine, les populations de ragondins sont régulées naturellement par ses prédateurs, comme le caïman et le puma, dans les pays où il a été introduit, il n'a aucun prédateur naturel à l'état adulte.

En effet, seuls les jeunes ragondins sont parfois les proies de mammifères prédateurs comme la fouine, ou des oiseaux comme le busard des roseaux, la buse variable et la chouette effraie.


Reste que le froid est un facteur limitant et les hivers rigoureux lui sont fatal.
En effet, d'origine tropicale, l'organisme du ragondin n'est pas adapté au gel comme celui du castor.

Lors d'hivers rigoureux, nombreux sont ceux qui meurent de gangrène mortelle après avoir eu la queue gelée.

Mais revenons à Monsieur Castor des Marais.

Ce n'est qu'en mettant une patte sur la digue, qu'il a compris que j'étais un potentiel obstacle et a fait demi-tour.

De mon côté, je m'apprêtais à l'effrayer.
Un animal sauvage reste un animal sauvage, et bien que trapu,  il aurait été bien plus agile que moi, encombrée de mes jumelles et mon appareil, qui plus est sur un terrain rocailleux et en pente.

Pourtant il s'est de nouveau arrêté, un peu plus loin, pour m'observer de nouveau, toujours le nez levé.
Mais cela fait une heure que je suis assise en plein vent à 7° et je commence sérieusement à avoir froid.

Avec le temps qui tourne, l'homme s'est éveillé et la digue est de plus en plus fréquentée.



Ce n'est qu'une fois levée, bien campée sur mes deux jambes, qu'il finira par s'éloigner vraiment, renonçant à son petit déjeuner qui l'attendait de l'autre côté.



Le ragondin, par son mode de vie influence et transforme considérablement son habitat.

Classé nuisible dans plusieurs pays européens (en tête du top 10 des espèces exotiques les plus nuisibles), dont la France, il est accusé en particulier de :
  • Dégradation et mise à nu des berges favorisant leur érosion progressive ;
  • Fragilisation des fondations d’ouvrages hydrauliques par le réseau de galeries ;
  • Dégâts causés aux cultures (céréales, maraîchage, écorçage dans les peupleraies…) ;
  • Menace sur certaines espèces végétales (surtout aquatiques) à cause d’une surconsommation  ;
  • Destruction des nids d'oiseaux aquatiques ;
  • Possibilité de transmission de maladies telles que la douve du foie ou la leptospirose.
Pourtant, à l’inverse, lorsque sa densité n'est pas trop importante, il joue un rôle positif dans l’entretien de la végétation des marais (roseaux, lentilles d’eau).

Le ragondin est un témoignage vivant de plus, de l'impact négatif de l'homme sur le fragile équilibre écologique qui est le notre !

2 commentaires:

  1. Très belle série sur le ragondin,autant par la qualité des photos que par les commentaires très complets et intéressants.

    Marie-Christine du "Chasse-grisaille"

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  2. Marie-Christine,
    Je découvre votre commentaire seulement maintenant !! Désolée de ma réponse tardive et merci pour vos mots !

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